Juridique

Bénéficiaires de la ZFU : critères d’éligibilité et avantages

1 500 zones, 5 millions d’habitants concernés, des exonérations qui déplacent des lignes plutôt qu’elles ne font la une. Depuis 1996, une entreprise implantée dans une Zone Franche Urbaine peut bénéficier d’exonérations de charges fiscales et sociales, sous réserve de respecter des conditions strictes. Certaines activités, pourtant présentes sur le territoire, demeurent exclues de ces dispositifs, alors que d’autres, moins attendues, peuvent y prétendre.

Les plafonds de chiffre d’affaires, la nature des contrats de travail et la proportion de salariés résidant dans la zone comptent parmi les critères les plus scrutés par l’administration. Les dispositifs connexes, comme la ZFU-TE ou la ZRR, modulent encore l’accès aux avantages pour les entreprises.

Zones franches urbaines : comprendre leur rôle et leurs spécificités

La zone franche urbaine n’est pas un simple outil fiscal parmi d’autres. C’est l’un des leviers les plus marquants de la politique de la ville depuis la fin du XXe siècle. Créée en 1996, puis élargie à travers la Zone Franche Urbaine, Territoire Entrepreneur (ZFU-TE), elle poursuit un objectif clair : redonner de l’élan économique à des quartiers de plus de 10 000 habitants où l’activité privée se fait rare et le chômage reste endémique.

L’État vise ici une cartographie très précise : celle des Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) et des anciennes Zones Urbaines Sensibles (ZUS), recensées lors de plusieurs vagues de sélection (1997, 2004, 2006). Le dispositif ne s’applique donc pas partout, mais cible les territoires où l’urgence sociale et économique impose d’innover.

Le principe est limpide : offrir un environnement fiscal exceptionnel pour inciter entreprises et professions libérales à s’installer, embaucher localement, investir dans la durée. Les exonérations fiscales ne tombent pas du ciel : elles visent à créer un écosystème dynamique, à l’opposé de la logique d’assistanat, en misant sur la relance par l’activité.

La Loi de Finances 2025 a d’ailleurs confirmé la pérennité du dispositif, prolongeant l’ensemble du régime jusqu’au 31 décembre 2025. Ce choix politique réaffirme l’ambition de transformer ces quartiers en terrains d’expérimentation pour de nouveaux modèles économiques.

Contrairement à la Zone de Revitalisation Rurale (ZRR), la zone franche urbaine mobilise des critères ancrés dans le tissu urbain et place l’emploi local au cœur du processus. Le pari : combiner incitations fiscales, territorialisation des critères et création d’emplois durables pour tenter de rééquilibrer les dynamiques économiques entre centre-ville et périphérie. Une politique d’aménagement du territoire qui cherche à conjuguer attractivité économique et cohésion sociale, dans une France urbaine traversée par de profondes inégalités.

Quels avantages fiscaux et sociaux pour les entreprises en ZFU ?

S’implanter en zone franche urbaine, c’est accéder à un ensemble d’avantages fiscaux spécifiquement conçus pour encourager l’investissement et l’embauche de proximité. Premier levier : l’exonération totale d’impôt sur les bénéfices pendant cinq ans. Ensuite, l’allègement se poursuit de façon dégressive pendant trois années supplémentaires : 60 %, 40 % puis 20 % du montant habituel.

Cette faveur fiscale s’accompagne d’un plafond : 50 000 euros de bénéfices exonérés par an, auxquels s’ajoutent 5 000 euros pour chaque salarié nouvellement recruté et domicilié en ZFU-TE. Attention, seuls les profits directement liés à l’activité menée dans la zone sont concernés.

L’environnement fiscal offert ne s’arrête pas là. Les entreprises nouvellement créées ou transférées en franche urbaine peuvent obtenir, sous réserve d’une décision favorable des collectivités locales, une exonération temporaire de cotisation foncière des entreprises (CFE). Il en va de même pour la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB) : l’allègement, parfois intégral, dépend d’un vote de la commune ou de l’EPCI. L’accumulation de ces mesures crée un contexte singulier, propice à l’installation durable de nouvelles activités.

Voici les avantages susceptibles de s’appliquer dans les zones franches urbaines :

  • Exonération d’impôt sur les bénéfices : totale pendant cinq ans, puis dégressive (60 %, 40 %, 20 %) sur trois ans
  • Plafond annuel : 50 000 euros, majoré de 5 000 euros pour chaque salarié recruté en local
  • Exonération de CFE et allègement de TFPB : sous réserve de la décision de la collectivité

Les professions libérales ont également leur place : les mêmes règles s’appliquent, selon les mêmes critères d’éligibilité. Ce dispositif vise avant tout à renforcer l’ancrage local, à travers une fiscalité adoucie et une politique d’embauche axée sur le territoire. L’objectif affiché : faire émerger un tissu économique pérenne et dynamique au cœur des zones franches urbaines.

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Critères d’éligibilité, démarches et autres dispositifs d’aide à connaître

Pour bénéficier de ce régime avantageux, il ne suffit pas de déposer une plaque à l’entrée d’une ZFU. Les autorités exigent une implantation réelle et le déploiement d’une activité effective sur place. Les entreprises qui tentent de contourner l’esprit du dispositif en se contentant d’une adresse postale s’exposent à des contrôles et à la perte des exonérations.

Le recrutement local joue un rôle de filtre déterminant. Pour ouvrir droit à l’aide, l’établissement doit compter au moins la moitié de ses salariés résidant en ZFU-TE ou en quartier prioritaire de la politique de la ville. Ces salariés, recrutés en CDI ou en CDD d’au moins douze mois, doivent faire partie de l’effectif dès la première embauche et ce, tout au long de la période d’exonération. Par ailleurs, le dispositif vise les structures de moins de 50 salariés qui créent ou transfèrent leur activité dans la zone avant le 31 décembre 2025.

L’accès au régime suppose de respecter certaines démarches administratives précises :

  • effectuer une déclaration préalable à l’embauche (DPAE) auprès de l’Urssaf,
  • transmettre une déclaration annuelle des mouvements de main-d’œuvre à la Dreets,
  • joindre l’état de détermination du bénéfice exonéré à la déclaration de résultat pour le SIE.

En cas de transfert, de concentration ou de reprise d’activité, l’exonération ne s’applique que pour la période restant à courir. D’autres dispositifs, comme la perception d’une prime d’aménagement du territoire ou le bénéfice récent du régime ZRR, peuvent restreindre l’accès aux exonérations. Pour tout comprendre, il faut se référer à l’article 44 octies du CGI pour les entreprises implantées en ZFU, et à l’article 26 de la loi n° 2003-710 pour les cas spécifiques de restructuration.

Au bout du compte, la ZFU n’est ni une promesse abstraite, ni une solution-miracle. Elle impose des règles strictes, mais offre aux entrepreneurs prêts à s’investir localement un terrain de jeu où l’audace et l’engagement peuvent vraiment faire la différence.